Le restaurant de l'amour retrouvé.

Auteur : Ito Ogawa
Edition : Philippe Picquier
Nombre de pages : 243 pages

Résumé : 

Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière. Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.

Mon avis :

L'histoire de Rinco commence avec la découverte de son appartement vide. Son petit-ami est parti, et a tout pris avec lui, ses affaires à lui, comme à elle, ainsi que les meubles et la nourriture. La jeune femme perd également toutes ses économies. Elle avait mis de côté, dans un placard à tatamis, plusieurs enveloppes de millions de yens, afin d'ouvrir son propre restaurant. Elle se retrouve donc sans rien, et, sous le choc, perds sa voix. Rinco quitte donc la ville pour repartir dans son village natal où elle n'a pas été depuis une dizaine d'année. Elle se rappelle, dans le bus, de sa vie avec sa grand-mère qui lui a tout appris de la vie. Tout, ainsi que l'art culinaire. La seule chose qui restait dans cet appartement vide, était la saumure héritée de sa grand-mère. Une de seules choses auxquelles tient vraiment Rinco. 

Elle retourne chez sa mère, Ruriko, avec qui elle a une relation conflictuelle. Rinco va communiquer avec elle à l'aide d'un carnet, et celle-ci négocie son retour dans sa maison. Rinco ne veut pas être un poids pour sa mère, elle souhaite participer aux frais de la maison. Ruriko décide qu'en plus de payer un loyer, elle devra s'occuper tous les jours de son cochon domestique, ainsi que lui payer un loyer. Mais Rinco n'a plus de travail et ne peut pas subvenir à ses besoins. Qui plus est, elle ne peut pas ouvrir son restaurant sans ses économies, ni même ses ustensiles. Elle sait parfaitement que sa seule expérience de travail est la cuisine. Avec de l'imagination, elle se dit que l'annexe de la maison non utilisée par sa mère peut devenir un vrai petit coin de paradis. Elle parvient donc à convaincre sa mère de la lui laisser, ainsi que de lui avancer l'argent nécessaire à la rénovation de l'endroit, et dans l'achat des ustensiles.

Avec l'aide de Kuma, Rinco va commencer à restaurer l'annexe. Ils vont créer un espace confortable avec des objets de récupérations. Elle réussit en un mois à faire d'un endroit laissé à l'abandon, un restaurant cosy et accueillant, qu'elle nommera L'Escargot. Avec le prêt que lui a accordé sa mère, elle va s'acheter des ustensiles de professionnel, des toilettes modernes... Pour l'ouverture du restaurant, Ruriko offre à sa fille la vaisselle qu'elle avait récupéré à la mort de sa mère.

Rinco apprécie d'avoir de bons produits pour cuisiner, comme le lui a appris sa grands-mère chez qui a vécu pendant longtemps. Elle va donc chercher des légumes et des fruits dans des agricultures biologiques, elle va chercher ses champignons et baies directement dans les bois. Elle cultive aussi quelques épices.

Pour remercier Kuma, Rinco va alors lui préparer un curry, en souvenir de sa femme, qui est partie vivre en ville avec sa fille. Kuma va adorer son plat, bien qu'il ne soit pas cuisiné comme le plat traditionnel, et va rentrer chez lui. Le lendemain, tel un miracle, sa femme est revenue chercher des objets chez lui. Cela faisait des années qu'il n'avait pas vu sa femme, ni sa fille, et avait mis ça sur le compte du curry. Il pensait alors que le restaurant pouvait exaucer les vœux. Il amena alors une vieille femme, surnommée La Favorite, manger dans le restaurant. Cette femme avait donné à Rinco son lustre, et la chef voulait la remercier. Elle lui cuisina donc des plats de tout genre, avec des cocktails et du vin, et la vieille femme, endeuillée depuis des années après la mort de son mari, mangea et aima tous les plats. Elle a ensuite dormi dans le canapé du restaurant, et rêva que son défunt mari venait lui rendre visite, pour qu'elle profite de la vie. Le lendemain, elle s'exécuta, et arrêta de porter la couleur noire. Elle s'habilla de façon très colorée, et voyante, et avait le sourrire aux lèvres. Le restaurant avait encore exaucé un vœux.

 

A la fin, la relation entre mère-fille est restée la même. On voit que sa mère fait plusieurs tentatives afin d'approcher sa fille, mais ça ne fonctionne pas. La distance se fait aussi parce que Rinco ne peut toujours pas parler. Rinco ne peut donc pas répondre à sa mère, et celle-ci se sent seule, et triste de ne pas avoir une véritable relation avec sa fille.

On apprends plus tard que sa mère a un cancer. En allant à l'hôpital, elle revoit son fiancé, et retombe amoureuse de lui. Ils décident d'annoncer la nouvelle du cancer à Rinco, ainsi que celle du mariage. Entre deux sentiments, Rinco ne sait plus trop où donner de la tête. Elle est triste de ne pas pouvoir montrer à quel point elle est triste pour sa mère, ainsi qu'heureuse pour cette nouvelle merveilleuse.

Sa mère lui demander d'organiser le repas de son mariage. Pour ce faire, elle décide que le repas soit constituer de son cochon domestique qu'elle aime tant. Elle est consciente qu'elle va mourir et ne veut pas laisser son cochon seul après sa mort. Cela risquerait d'altérer la santé mentale de l'animal.

Rinco cuisinera donc la truie pour le mariage de sa mère. Peu de temps après, sa mère va mourir. Rinco ne cuisinera plus du tout. Elle a fermé le restaurant, et se laisse dépérir dans la solitude et l'ennui, dans la maison vide. Jusqu'à ce qu'elle découvre une lettre de sa mère, qui lui montre tout l'amour qu'elle porte à Rinco. Lui expliquant que "Rin" de "Rinco" n'est pas "infidélité" mais "moralité". Qu'elle a été une mauvaise mère, qu'elle ne savait pas comment se comporter avec elle.

Rinco a été touché par ces mots. Lorsqu'un pigeon s'écrasa sur la vitre de la maison, elle décida, après avoir entendu la voix fantôme de sa mère, de le cuisiner avec amour et de le manger. Elle retrouva à ce moment-là sa voix, et remercia sa mère pour tout ce qu'elle a fait pour elle.

J'ai adoré ce bouquin. Je l'ai lu en peu de temps, et ça m'a tellement donné faim ! Plusieurs sentiments m'ont partagé. J'ai été triste pour elle, qui était abandonnée par son petit-ami. Triste pour elle, qu'elle ait perdu sa grand-mère, qu'elle ne sache pas qui est son père. Triste que sa mère et elle n'aient pas une relation heureuse. J'ai été triste lorsqu'on a abattu le cochon pour le manger. Mais heureuse aussi. Lorsqu'elle a fait son restaurant, qu'elle l'a ouvert. Lorsqu'elle a mangé des navets délicieux. Heureuse qu'elle se trouve un ami comme Kuma. Heureuse, quand elle a lu la lettre de sa mère avant de mourir.

J'ai apprécié ma lecture.